Les voyelles et les consonnes vous font découvrir des univers sonores riches et variés, simples et complexes à la fois, primitifs et savants. Les voyelles sont pleines et colorées, profondes et aériennes. Les consonnes sont les bruits du langage. A coup de glotte, du bout de la langue, en ouvrant les lèvres, chuintées, susurrées, parfois voisées, elles servent à découper, à articuler, à écouter le souffle. Mouvement vif et précis. Tension détente. La voix est intime et fragile, elle est l’expression sonore de l’espace et de la matière du corps. A partir des sons du quotidien, entrer dans le simple désir de crier, de chuchoter, d’éructer, de vibrer, de murmurer, d’émettre des borborygmes et autres babils, charabia à capella, de s’exprimer, de s’exclamer, de bégayer, de faire entendre la machine à faire vibrer le fluide gazeux, résonner les espaces creux, à malaxer, à modeler, à sculpter les matières vibrantes. De l’intérieur vers l’extérieur, le flux d’air continu, ouvert ou fermé, vibré ou non, crée tumulte, effervescence évanescente, tapage, boucan, vacarme, tohu-bohu, ramdam, charivari, amoncellements accumulations, juxtapositions, bruits blancs, bruits bruts, bruits de bouche, trou noir, objets sonores mouvants et fluctuants telle une nuée d’étourneaux, molécules en mouvement. De la rumeur des flots surgit une émergence éphémère.
Texte écrit en 2002 pour présenter la performance alphabet composée pour le chœur d'emil.
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